mercredi 29 janvier 2014

Miss Kukkii rencontre... Maud Séjournant sur Les Quatre Accords Toltèques


Citoyenne française vivant à Santa Fe depuis plus de 25 ans, Maud Séjournant a fait connaître dans les pays de la francophonie le grand sage et chaman Don Miguel Ruiz, auteur du livre Les quatre accords toltèques. Il est pour Maud un grand ami et une source d’inspiration pour ses enseignements et ses ateliers qu’elle offre à travers le monde. Elle lance au Québec, en mai, son deuxième livre, La Spirale initiatique, et revient fin septembre pour une série d’ateliers.

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M.K. Maud Séjournant, parle-nous d’abord de ton parcours initiatique, relaté dans ton premier livre, Le Cercle de vie.

M.S. Pour ce qui touche l’éveil spirituel, on parle souvent d’un événement déclencheur qui ouvre l’esprit vers cette voie. En ce qui me concerne, j’ai cette curiosité depuis ma tendre enfance. Dans les cours de catéchisme, je demandais au professeur : « Mais qu’est-ce qu’il y avait avant la Création? ». Ce qui m’intéressait, c’était cet espace avant la forme, avant le matériel.

M.K. À quel moment as-tu senti que tu touchais, même du bout des doigts, à une réponse satisfaisante?

M.S. Lors de l’expérience de perfection et d’immensité, que j’ai eu dès mon jeune âge. C’est ce qui me semblait de plus vrai. Ce qui méritait que je m’y plonge et l’approfondisse. La quête de la Vérité n’a pas de fin. Je le dis, lorsque j’enseigne la roue de médecine amérindienne. Il n’y a ni départ, ni arrivée; c’est à l’infini. On peut y vouer sa vie entière. Plus on s’en approche, plus on découvre comme c’est vaste et multiple.

M.K. Tu as opté pour la voie de la sagesse toltèque, avec les enseignements de Don Miguel Ruiz. Qu’est-ce qui t’interpellait dans le chamanisme?

M.S. Ce voyage au cœur du chamanisme a débuté par la traversée de l’Atlantique sur un petit voilier. Arrivés dans les Antilles, j’ai décidé de poursuivre ma quête, qui m’a ultimement amené à faire la connaissance d’une personne très inspirante, qui venait de Santa Fe, au Nouveau Mexique. Déjà, dans les Antilles, j’avais des visions, la nuit, que je reproduisais par des dessins : des plaines et des montagnes; un paysage aride. Des années plus tard, lorsque je suis finalement allée dans les tribus amérindiennes du Nouveau Mexique, j’ai reconnu cette terre comme celle de mes visions. J’étais chez moi.

M.K. Une reconnaissance, donc, d’un lieu et d’une sagesse qui ne te quittent plus. Qu’elles sont ces outils, ces guides qui t’ont inspirée?

M.S. La cosmologie de la roue de médecine est basée sur les quatre points cardinaux; les deux directions, c’est-à-dire la terre-mère et le ciel ou le soleil; et, finalement, le septième point, qui relie tous les précédents : l’absolu, qui est partout et nulle part. Cette cosmologie est liée à la nature, les saisons, les âges de la vie, le jour et la nuit. Le chamanisme de la roue de médecine serait la première religion du monde : il est ancré dans l’observation, et non l’interprétation de l’homme, et constitue un outil permettant de nous relier à ce qui nous entoure. Notre intérieur est l’image du centre de cette roue.

M.K. Quel a été le rôle de Don Miguel Ruiz ?

M.S. Nous cheminions en parallèle : je faisais venir des Français dans les réserves de Santa Fe, et comme Miguel était un ami et confrère, je le présentais à mes groupes. Nous avons écrit notre premier livre en même temps. Lorsque j’ai lu le sien, j’ai été extrêmement touchée par la simplicité, l’authenticité et la puissance de son message. C’est un des rares livres qui parlait directement à mon cœur. Je me suis dit : « il faut le publier en France! ». Ce livre, Les Quatre accords toltèques, a connu un vif succès partout dans le monde. Depuis, je l’ai intégré à mon approche personnelle, et j’ai collaboré à plusieurs reprises à des méditations intensives, des enseignements et ateliers avec Don Miguel.

M.K. Les écrits de Don Miguel complémentent ta vision. Parle-moi des quatre accords.

M.S. Ce sont des principes de vie. Derrière cela, il y a l’essence même de la spiritualité : la non-dualité. Tout ce monde qui nous entoure a été créé par l’humain. Derrière, il y a un autre monde : celui de l’esprit, qui parle d’où nous venons et qui nous sommes. Miguel parle de la domestication dont nous devons nous défaire, pour retrouver l’être authentique de départ, comme l’enfant.

M.K. Éliminer les filtres!

M.S. Exactement. Donc, les quatre accords sont : l’impeccabilité de la parole; ne prends rien personnellement; ne fais pas de supposition (et si tu en fais, saches que c’en est une); fais toujours de ton mieux (et non pas selon un « idéal »). Le cinquième… Ne crois rien mais reste ouvert. Questionnez vos croyances. Cela est central à l’approche toltèque. Dans la roue de médecine, la mort, c’est la rigidité, la nécrose qui s’installe!

M.K. Maintenant, passons à la spirale…

M.S. Quand l’on revisite des lieux, que l’on passe dans les mêmes traces, on croit refaire exactement le même chemin, alors qu’il n’en est rien. Comme nous sommes différents, en perpétuel changement, alors la relation que nous avons avec le contexte ou la direction est nécessairement autre. Comme une spirale, le même parcours s’effectue sur un plan différent. Le cercle a un côté statique. La spirale a un mouvement ascendant ou descendant. Dans les sites amérindiens, ont voit souvent des spirales gravées dans la pierre.
Il en est de même entre toi et moi : Toutes les deux, nous sommes différentes, depuis le début de notre conversation. Dans ce mot, il y a d’ailleurs con - avec et versare – changer. Un changement à travers une interaction.

M.K. Pour s’ouvrir au changement et « converser », il faut être soi-même, authentique. La spirale de ton parcours te mène vers la sagesse et la force de la femme, par la découverte de son essence sacrée…

M.S. Cela fait depuis 1997 que je fais des stages avec des femmes. Qu’est-ce que c’est que d’être une femme? Ces rassemblements entre femmes font partie intégrante de la tradition amérindienne. Pour eux, le pouvoir de la femme vient de l’approfondissement de ce qui est différent d’avec l’homme. L’accent n’est pas mis sur la part d’homme dans la femme et celle de la femme dans l’homme; mais bien sur le caractère unique et sacré de chacun des deux sexes. On ne cherche pas à reproduire les comportements du sexe opposé. Dans notre société, on fait souvent croire aux femmes qu’elles doivent obligatoirement s’y prendre comme les hommes sinon elles n’y arriveront pas. Notre société est encore très patriarcale, mais nous sommes, je pense, à l’aube de grands changements.

M.K. La question : « Qu’est-ce qu’être femme? » révèle en soi un profond malaise de notre société…

M.S. Et il n’y a pas une réponse. Mais je vous assure qu’en mettant 40 femmes ensemble, pendant 5 jours, vous permettez une expansion des possibilités ! On se voit en tant que sœurs, et non rivales… Il y a une dynamique d’inclusion.
Et les femmes plus matures, qui ont appris la sagesse par le vécu et l’intégration, pourraient être des mentors pour celles, plus jeunes, qui créeront le monde de demain. Je travaille présentement à un blogue qui activerait ce type de « conversation ».

M.K. Qu’as-tu découvert, toi, en tant que femme, avec ces cercles de sagesse?

M.S. J’ai réalisé que je vivais mes combats comme un homme. Dans le travail, dans mes relations. Et j’ai eu le goût de vivre, dans mon corps, ce pouvoir féminin d’ouverture, de collaboration et de douceur. J’ai compris que la femme était sur Terre pour défendre la vie. Préserver, pour la septième génération, comme disent les Amérindiens.

M.K. Une énergie d’inclusion, autant auprès de la communauté que des éléments de la nature…

M.S. Oui ! Mais attention : je ne veux pas réduire l’importance de l’énergie masculine. Comme dirait une sage amérindienne : « Ce sont les femmes qui tissent la trame du rêve; et les hommes qui servent la communauté en la mettant en place ». L’énergie masculine, très puissante, doit entrer dans la collaboration, et non la domination.

M.K. Et lorsque les femmes et les hommes prendront en main leur pouvoir sacré pour servir et non leur servir, la spirale de la trame du rêve s’élèvera enfin vers l’infini. Maud Séjournant, merci de votre visite !